dimanche 3 avril 2011

Au sujet des jumelles pour l'ornithologie

Il existe des ornithologues très aisés, qui ne s'abaisseraient pas à porter (comme on dit d'un vêtement) autre chose que du Zeiss, du Leica ou du Swarovski. Ce genre de public existe aussi aux Etats-Unis, à en juger par les fora. Les marques précitées n’ont jamais produit que du bon, mais c’est très cher. Comment trouver un bon rapport qualité/prix pour un matériel approprié ?


Pour observer dans un bois, une pupille de sortie d'environ 5 mm (comme pour l’astronomie) est nécessaire. Dans des endroits bien éclairés, 3 mm suffisent. Le champ de vision binoculaire d'une paire de jumelles est amputé de la distance entre les deux canaux. A l'infini, les champs gauche et droit coïncident. Si les objets sont plutôt loin, des jumelles à prisme de Porro (donc plus larges à l'avant qu'à l'arrière) sont préférables: la perte de vision binoculaire est négligeable, tandis que l'effet de relief est augmenté. Pour des objets proches, en revanche, des jumelles à prisme en toit (aussi larges à l'arrière qu'à l'avant) sont préférables. Une mise au point simultanée des deux canaux est impérative. A partir de 10 fois de grossissement, une stabilisation aide grandement. Je conseillerais les Canon 15x50 stabilisées dans ce cas. On en trouvait pour juste 1000 euros à la Foire d’Essen l'an dernier. Pour un porteur de lunettes, un grand dégagement arrière ("relief d'oeil") s'impose: il est hors de question de devoir enlever ses lunettes pour regarder, dans les jumelles, l'oiseau qu'on vient d'apercevoir. Des jumelles gainées caoutchouc et/ou purgées à l'azote peuvent être nécessaires si des chocs ou de l'humidité sont à craindre. On a toujours le choix entre des jumelles de qualité opto-mécanique excellente, résistantes aux chocs et à l'humidité, et qui par conséquent coûtent une fortune, et des jumelles passables (j'ai eu d'honnêtes 10x50 "sans marque" pour 30 euros) que l'on n'hésite pas à sacrifier vu leur modicité.


Un point capital est la distance de mise au point minimale des jumelles, qui est:


- inversement proportionnelle à la course du système de mise au point, comptée à partir de l'infini; et


- inversement proportionnelle au carré de la distance focale des objectifs des jumelles.


Comme lesdits objectifs ne diffèrent guère quant à leur rapport f/d, un grand diamètre (genre 70 mm) implique nécessairement l'impossibilité d'une mise au point rapprochée, tandis qu'un petit diamètre (genre 40 mm) la permet. Il est assez facile de régler la plage de mise au point de jumelles bon marché à prismes de Porro. Certaines sont réglées avec l'infini au milieu de la plage, de sorte que l'on perd la moitié des capacités de mise au point rapprochée. Pour ces jumelles, la mise au point s’effectue par mouvement des oculaires par rapport aux objectifs. Des modèles de haut de gamme bénéficient d’une mise au point interne, par déplacement de groupes optiques à l’intérieur du corps des jumelles. Du reste, il ne faut pas s’attendre à un miracle qui contredise les lois de l'optique: les jumelles soi-disant spéciales pour l'avifaune n'ont pas de propriétés radicalement différentes des autres. J'ai été très bien conseillé par Lichtenknecker Optics dans le choix de jumelles. Je ne puis pas recommander, dans le segment des jumelles 7x à 10x non stabilisées, une marque plutôt qu'une autre. Autant les essayer d'abord: c'est avant tout la physiologie de l'utilisateur qui décidera d'un bon ou d'un mauvais achat.


Jean-Luc


P.S. : Un correspondant m’indique l’adresse suivante, certainement utile pour qui cherche des ouvrages, du matériel, des CD etc. :


· Maison de l'Environnement · CRIE Liège - Jardin Botanique · rue Fusch, 3 · 4000 Liège